Que vous soyez ceinture noire, avancé, ou débutant, il n’est pas toujours facile de trouver “le” bon club de karaté, ou, tout du moins, celui qui correspondra le mieux à vos attentes (self-défense, traditionnel, compétition, loisir, bien-être, confiance en soi, canalisation de l’énergie, activité physique…). Outre les tarifs, réductions et autres avantages que je n’aborderai pas, il y a de nombreux critères à prendre en considération.
Les raisons qui peuvent vous mener à rechercher une association sportive proposant des cours de karaté dans votre région sont nombreuses : l’envie de découvrir un nouvel art martial, un changement de votre lieu de travail, un déménagement, des études dans une nouvelle ville, un besoin d’ouverture et de nouveauté, ou encore le sentiment de ne plus progresser… Cet article s’adresse donc aussi bien aux débutants en karaté et aux pratiquants d’autres arts martiaux qui souhaitent étudier cette discipline, qu’aux karatékas confirmés, en quête d’un nouveau lieu d’entraînement.
Il arrive parfois qu’un élève, amené à déménager, me demande si je connais un bon prof ou un bon club de karaté dans sa ville de destination. Hélas, il m’est difficile, la plupart du temps, de lui donner une réponse précise ou même un nom : généralement je l’accompagne dans sa recherche, grâce à quelques conseils, issus de ma propre expérience.
Ayant débuté le karaté à l’âge de 5 ans, j’ai eu l’occasion de pratiquer avec plusieurs professeurs dans différentes villes, en province et en région parisienne : mon sentiment est que, même pour une ceinture noire, le choix d’un dojo et d’un sensei n’est pas quelque chose de simple, et prendre le premier club venu (pour sa proximité par exemple) n’est peut être pas le choix le plus judicieux : voici donc mes 10 critères pour choisir son club de karaté.
1 – La formation de l’enseignant
C’est surement le critère le plus important : l’enseignant doit avoir un savoir-faire pédagogique afin de transmettre son art martial, et pouvoir adapter ses cours aux différents publics (par exemple, pour des enfants, proposer un apprentissage sous forme de jeux). Renseignez-vous sur le diplôme d’enseignement (DAF, DIF, CQP, DEJEPS, BEES …) et sur le grade (dan) des professeurs du club (attention à certaines organisations “exotiques” dont les grades ne sont pas reconnus en France) : une simple recherche sur le site de la Fédération Française de Karaté vous donnera ces informations. Bien sûr, le niveau du diplôme et le grade de l’enseignant ne font pas tout, mais imaginez que vous trouvez un club où le professeur est premier dan, et que vous allez présenter votre deuxième dan : comment va t-il vous préparer à un examen qu’il n’a lui-même pas passé ?
2 – Les cours
L’organisation et le déroulement des cours sont capitaux : tout doit être fait pour que l’élève puisse apprendre, et dans les meilleures conditions possibles. Faire des entraînements où on “mouille le kimono” c’est bien, mais il faut se demander si, à part transpirer, nous avons progressé et appris des choses. Est-ce que le professeur corrige chaque élève plusieurs fois par entraînement (y compris les plus gradés) ? Donne-t-il des explications claires et adaptées aux différents publics (débutants, enfants…) ? Est-ce que les exercices sont cohérents avec les grades des élèves, avec des groupes séparés par niveaux si nécessaire ? Si vous êtes avancé, il peut être intéressant de regarder si le club propose des cours spécifiques pour les ceintures marrons et/ou noires.
3 – La culture martiale
Le sensei doit bien évidemment avoir des connaissances techniques sur les différents domaines du karaté (kihon, kata, bunkai, kumite), voire dans d’autres arts martiaux. Mais il doit aussi enseigner la stratégie et les tactiques applicables en self-défense, sans oublier les aspects culturels et historiques de notre art martial : c’est ce qui fait que le karaté n’est pas juste un “sport de combat”. Etre un grand champion de karaté, c’est bien, mais cela ne fait pas nécessairement de vous un bon professeur. Choisir un club, c’est aussi choisir un sensei capable d’enseigner autre chose que des techniques et du physique : il doit transmettre des principes et des valeurs à travers la culture des arts martiaux.
4 – Les élèves
Le karaté se pratique généralement par deux, il est donc essentiel de voir quels sont les élèves présents aux cours, car ils seront vos futurs partenaires d’entrainement ! Y’a-t-il beaucoup de débutants et peu de gradés ou bien plutôt l’inverse ? Quelles tranches d’âges sont représentées (adolescent, adulte, senior), et quelle représentation homme/femmes ? Quel est le niveau des élèves dans le club et pensez-vous pouvoir progresser à leur côté ? Pour les cours enfants, il faudra veiller à ce qu’il y ait des créneaux par age, afin de permettre un enseignement adapté, sur le fond et sur la forme.
5 – Le dojo
Autre point important pour une bonne pratique, et en toute sécurité : le lieu d’entrainement (dojo en japonais). Est-ce que la surface est suffisamment grande par rapport au nombre d’élèves ? Quel est le type et la qualité du revêtement utilisé (parquet, tatamis, tapis à installer/ranger à chaque début/fin de cours) ? Quel est le matériel mis à disposition pour les cours adultes (paos, bâtons, couteaux factices, makiwara, pattes d’ours, sac de frappe …) ? Y a-t-il du matériel pédagogique pour les cours enfants (plots, cerceaux, élastiques, cibles, foulards, circuits, ballons …) ? Cela peut sembler anodin, mais le confort et la variété des exercices avec du matériel de qualité sont un vrai plus.
6 – Les passages de grades
Que ce soit au sein du club pour les ceintures de couleurs (kyu) ou auprès d’une instance fédérale pour les ceintures noires (dan), il y a quelques points à vérifier. En effet, en tant que juge aux passages de grades, je suis souvent très surpris de constater que certains candidats sont très mal préparés. Aussi, assurez-vous que le professeur connait le règlement et les différentes épreuves, et qu’il entraîne ses élèves en conséquence. De même, pour les ceintures de couleur, demandez aux élèves si leur professeur leur fournit un programme des grades en début de saison. Lorsque j’ai commencé à enseigner, c’est le premier document que j’ai mis en place pour structurer mes cours sur la saison (merci à Areski Ouzrout qui m’a aidé à l’époque).
7 – Les stages
S’entraîner régulièrement dans son club c’est bien. S’ouvrir au monde “extérieur” en participant à des stages avec d’autres professeurs et d’autres élèves, c’est très enrichissant pour votre pratique. Alors, si les élèves du club sont incités à participer régulièrement à des stages de karaté, c’est un point positif. Si le club organise des stages avec des intervenants extérieurs, c’est encore mieux, et cela montre une vraie ouverture d’esprit. Si vous en doutez, je vous recommande la lecture de cet article de Lionel Froidure : Pourquoi doit-on faire des stages karaté ?
8 – L’ambiance
Cet aspect n’est pas à négliger. En effet, une ambiance chaleureuse et agréable, mais malgré tout sérieuse et où les élèves montrent de l’écoute et du respect, c’est un vrai plus à l’heure de se motiver pour aller à l’entraînement. Évitez donc les clubs où l’étiquette du karaté (et des arts martiaux en général) n’est pas respectée : si le cours est bruyant avec des élèves qui bavardent, si le salut traditionnel est remplacé par une tape dans la main, ou encore si la tenue de rigueur est au choix de l’élève (karategi, survêtement, t-shirt, baskets…) : un conseil, fuyez ! Si au contraire, il règne une atmosphère martiale, et que le courant passe bien avec les élèves et le professeur, ce sera un point très positif.
9 – La vie du club
Il y a un temps pour pratiquer notre art martial favori, et il y a la vie en dehors du tatami ! Le karaté, c’est l’opportunité de rencontrer des gens, de faire naître des amitiés, alors, si le club organise régulièrement des pots, des restos, des fêtes, des démonstrations, des ateliers, des compétitions ou des stages, ce sont autant d’occasions d’échanger et de s’épanouir à travers la vie associative de votre club. Un bon moyen de s’en assurer est de consulter le site internet du club et/ou sa présence sur les réseaux sociaux (facebook, twitter, instagram). Si le calendrier des événements de la saison ou la dernière publication, date d’il y a trois ou quatre ans, c’est mauvais signe…
10 – Le cours d’essai
Je ne saurais trop vous conseiller de faire un cours d’essai dans plusieurs clubs (plus ou moins près de chez vous) avant de vous décider. Parfois, il vaut mieux parcourir quelques kilomètres de plus pour trouver son bonheur. Vous vous apprêtez à choisir entre deux clubs de karaté, mais vous avez un doute ? Relisez chacun des conseils ci-dessus, en mettant en avant ceux qui sont le plus important à vos yeux : j’espère que le choix deviendra une évidence pour vous.
Avez-vous d’autres critères pour trouver un bon club de karaté ?
Auteur de l'article
Professeur de Karate
6ème Dan - BEES 2